Les estuaires de la rade de Brest ont fait l’objet d’un dragage intensif jusqu’au milieu du XIXe siècle où on assiste, comme partout en Bretagne, à une raréfaction de cette ressource. Depuis les années 1920, cette espèce a connu des épisodes successifs de surexploitation des stocks et d’épizooties (maladies affectant les espèces animales différentes de l’homme), décimant presque la totalité des gisements naturels. Aujourd’hui, seuls quelques bancs naturels subsistent en Bretagne, Vendée, Gironde et Méditerranée, dans les eaux côtières, mais en faible densité. L’activité ostréicole s’est alors reportée d’abord sur l’élevage des huîtres portugaises, Crassostrea angulata, puis dans les années 1970, et sur l’huître creuse, Crassostrea gigas, qui est devenue l’espèce la plus exploitée et consommée en France.
« L’huître plate (Ostrea edulis), au même titre que le maërl, est considérée comme une espèce clé car elle forme de véritables habitats pour d’autres espèces. Ainsi, on parle d’espèce ingénieur pour désigner ces espèces ‘refuge’ pour un grand nombre de larves et d’adultes de poissons et invertébrés (moules, pétoncles, crabes, ascidies, éponges, vers etc.). […] La Rade de Brest constitue actuellement l’un des deux seuls sites de captage naturel d’huîtres plates en France, avec la Baie de Quiberon »
(Extrait du diagnostic environnemental, Labocea, 2023 – page 45).
Sur le plan écologique, les huîtres font partie des espèces dites ingénieur d’écosystème : elles créent des habitats favorables à l’installation d’autres organismes, et augmentent ainsi la biodiversité de leur environnement proche, tout en apportant de nombreux services écosystémiques, dont la purification de la colonne d’eau. La restauration des récifs natifs de bivalves, comme l’huître plate, fait partie des solutions fondées sur la nature en milieu côtier. En France, les récifs d’huîtres plates ont été intégrés, dans le cadre du Plan d’Action pour le Milieu Marin, en tant qu’ « habitat particulier côtier à enjeu fort ou majeur » au sein du Document Stratégique de Façade « Nord-Atlantique / Manche Ouest ».
Depuis 2009, l’huître plate est au cœur des travaux de recherche et développement menés par le Comité Régional de Conchyliculture Bretagne Nord (CRCBN) et ses partenaires. En effet, conscient des vertus environnementales apportées par l’ingéniosité de l’huître plate, le CRCBN mise sur la restauration de ses gisements naturels. Des projets se sont succédés et complétés pour apporter des connaissances sur l’écologie, la génétique et le cycle de reproduction de l’espèce. Aujourd’hui, grâce à ces programmes, le comité produit des familles d’huîtres plates, en milieu contrôlé, qui ont vocation à être intégrées dans le milieu naturel en vue de la restauration des gisements.
Le présent projet cible la restauration des principales populations résiduelles d’huîtres plates via des opérations pilotes d’enrichissement en supports biosourcés et biomimétiques adaptés à l’espèce.
Début du projet avec l’identification commune d’une zone précise de restauration et déploiement d’un champ de modules biosourcés.
L’objectif est de mettre en œuvre un chantier de restauration composé de modules biosourcés vierges pour recruter naturellement des huîtres plates, et/ou des modules pré-ensemencés par du naissain rustique de ces mêmes huîtres. Le site du Roz en baie de Daoulas s’avère le secteur le plus adapté :
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- Présence d’une population cachée d’huîtres plates témoignant de la résilience de l’espèce sur ce secteur.
- De longues séries de suivis d’indice de recrutement de l’espèce démontrent l’existence d’un recrutement naturel sur ce secteur et sur le long terme
- Site central en rade de Brest en termes de fourniture de larves pour d’autres secteurs.
- Site compatible avec les habitats remarquables présents en rade de Brest, la zone choisie doit être caractérisée par un fond abimé. En complément, un deuxième site de démonstration est envisagé pour permettre une visualisation plus aisée pour les opérations de médiation scientifique. Ce site devrait se situer bas sur l’estran pour être accessible uniquement lors des grandes marées de vives eaux.
Etat initial du site avec la mise en œuvre d’un protocole de type BACI ou similaire
Pour le site principal, un protocole de type Before After Control Impact (contrôle des impacts avant et après restauration) est prévu au travers d’une analyse des communautés d’huîtres présentes et de leurs rôles fonctionnels pour l’écosystème (filtrage de l’eau, amélioration de sa qualité, etc.). Les prélèvements se feront en plongée. Sur chaque fraction, une analyse taxonomique et fonctionnelle est prévue. La méthode d’évaluation sera établie en concertation entre les partenaires du projet, l’Office Français de la Biodiversité et des spécialistes de la restauration en milieu marin français et européens.
Des modules bio-sourcés ou modules récifs seront envoyés au Centre de Recherche Appliquée de Bretagne afin d’être colonisés par du naissain rustique issu des programmes de recherche précédent. La fixation sur les modules se déroulera dans des bacs de micro-nurserie en milieu contrôlé. L’objectif est de fixer entre 200 et 300 naissains par récif. Les modules colonisés seront ensuite implantés sur deux secteurs en baie de Daoulas : en eau profonde et sur l’estran (au niveau du banc du Roz). Un suivi est prévu sur les structures jusqu’à la fin du projet et après le projet.
Le chantier de restauration se fera sur la moitié de la parcelle concédée (soit 300 m2) et devrait compter 150 modules vierges et 150 modules ensemencés. Les modules seront plantés en plongée à raison d’un module par mètre carré, en alternant les deux types de modules. Ce travail doit pouvoir être assuré par un trinôme de plongeurs assistés d’une barge en surface sur 2 à 3 journées de travail.
Des photos régulières seront effectuées pour illustrer la colonisation et permettre la réalisation d’un time lapse. Des prélèvements à l’automne, sur toute la durée du projet seront effectués pour estimer la biodiversité présente et la croissance des huîtres. Des moyens de lutte contre les éventuelles prédations par les bigorneaux perceurs ou étoiles de mer seront mis en œuvre en périphérie .
La valorisation du projet sera faite via des vidéos de présentation avec des images sous-marines. Il y aura notamment une vidéo au lancement, ainsi qu’une vidéo de présentation du projet et des résultats. Des supports de communication et de médiation seront créés pour la valorisation des résultats du projet et de l’habitat huître plate auprès du grand public et des scolaires. Pour la restitution et la diffusion des résultats, il est prévu d’organiser à la fin du projet une conférence à Océanopolis. De la médiation sur le site de démonstration permettra de diffuser le projet auprès de différents acteurs. Le lien sera fait également avec l’Aire Marine Éducative de Logonna-Daoulas.
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