Les flux de nutriments en provenance des bassins-versants sont la principale source du développement d’algues vertes et de phytoplanctons toxiques en rade de Brest et ont en grande partie une origine agricole. Le diagnostic environnemental fait état de ces excès de nutriments rejetés dans le bassin versant.
« Les rivières rejettent aujourd’hui en rade de Brest en moyenne 26 000 tonnes de nitrates par an, soit environ 6 000 tonnes d’azote nitrique par an. L’Aulne à Châteaulin représente à elle seule 62 % de ces apports. Si l’on intègre la part attribuable aux bassins versants de la rade de Brest non couverts par des réseaux de mesure (environ 374 km2), ils s’élèveraient plutôt à 6 800 tonnes d’azote nitrique N-NO3 par an. […] Les apports d’azote en rade proviennent […] principalement de l’activité agricole. Les stations d’épuration d’eaux usées domestiques et les rejets industriels réunis émettent de l’ordre de 240 tonnes d’azote et ne contribuent que marginalement aux apports totaux évalués à 6 800 tonnes par an. […] L’occupation du sol, et notamment les pratiques agricoles sont également un facteur important qui favorise (ex : cultures de la pomme de terre, du maïs) ou au contraire qui freinent les mécanismes érosifs et favorisent l’infiltration de l’eau plutôt que son ruissellement (ex : talus, haies, zones enherbées) »
(Extrait du diagnostic environnemental, Labocea, 2023, pages 116 à 118)
Au-delà de ces pressions, l’agriculture joue un rôle essentiel dans le territoire en fournissant différents types de services écosystémiques qui bénéficient à l’ensemble de la population. Les services écosystémiques peuvent être définis comme les bénéfices que les sociétés humaines retirent des écosystèmes.
L’agriculture fournit des services d’approvisionnement essentiels aux habitants de la rade, via l’élevage, la production céréalière et maraichère. Les pratiques culturales adoptées peuvent fournir des services de régulation et de support en permettant le stockage du carbone dans le sol et en fournissant des supports pour la biodiversité (prairies, talus, etc.). Enfin, l’agriculture façonne les paysages que nous aimons tant et draine chaque année des visiteurs, avides de les découvrir. Elle offre ainsi des services culturels fondamentaux
Les pratiques de gestion ou d’occupation du sol ont une influence directe sur la qualité des eaux puisque le sol joue un rôle incontournable dans les cycles du carbone et de l’azote. Par des mesures en faveur de la restauration des sols, les agriculteurs peuvent ainsi améliorer la capacité de l’écosystème à réguler la qualité de l’eau en rendant un service écosystémique.
L’action Restauration des sols innove en choisissant d’expérimenter les Paiements pour Services Environnementaux (PSE) sur des bassins-versants prioritaires du territoire TerraRade. Ces PSE permettent de rétribuer les agriculteurs au regard des services rendus du fait de leurs pratiques, en mobilisant des financements aussi bien publics que privés dans une logique de « gagnant-gagnant ».
Une première étape consiste à étudier la faisabilité d’un tel dispositif, tant en termes de financement (publics/privés), qu’en termes technique (périmètre, enjeux environnementaux, le ou les services visés). Ce travail sera effectué en plusieurs échelons :
- Il s’agira d’identifier et d’étudier les possibilités de financements, qu’elles soient publiques ou privées. Des discussions ont été engagées avec le fond carbone, en cours de création par le Pays de Brest, pour financer certains PSE.
- Il faudra ensuite déterminer les sources de menaces ou de dégradation effective des services écosystémiques, en s’appuyant sur les travaux existants (ex : carte de zone d’action prioritaire de réduction des nitrates sur le bassin versant de l’Aulne, EPAGA, 2022) dans les bassins-versants. Une fois les sources de dégradation identifiées, il faudra caractériser l’ensemble des activités menées sur le territoire et interagissant avec les zones dégradées, puis vérifier si des acteurs présents sur le périmètre des dégradations peuvent impacter la fourniture des services. Les acteurs pouvant impacter ces services doivent être identifiés pour mettre en place les PSE.
- Une fois les acteurs à l’origine des impacts reconnus, il sera nécessaire de les rencontrer pour déterminer lesquels d’entre eux seraient prêts à porter un PSE.
- A partir de ces travaux, le périmètre géographique d’intervention du ou des PSE sera déterminé. La mise en place d’un PSE nécessite l’engagement d’une surface suffisamment importante de parcelles pour que le gain en termes de réduction des fuites de nutriments soit significatif.
- Les mesures à mettre en œuvre dans le PSE devront ensuite être définies, en concertation avec les agriculteurs. À titre d’exemple de pratiques favorisant la séquestration du carbone, on peut citer de façon non-exhaustive : les pratiques visant à minimiser le travail du sol et à favoriser les couvertures végétales ainsi que les litières carbonées (semi-direct sous couvert permanent avec restitution des pailles); l’optimisation et l’augmentation des biomasses produites dans le cadre des cultures et des intercultures; la gestion des prairies permanentes (fauche et conduite de pâturage adaptées); les plantations d’arbres pour la restauration de haies ou pour la mise en place de systèmes en agroforesterie en lien avec de l’élevage; ainsi que la gestion adaptée des zones humides, et du bocage existant et de la ripisylve.
- Les indicateurs de suivi devront enfin être étudiés et sélectionnés, en concertation avec les agriculteurs.
La seconde étape consistera à mettre en place la contractualisation du PSE avec les agriculteurs volontaires sur les bassins versants sélectionnés suite aux résultats de l’étude de faisabilité.
Une fois la contractualisation mise en place, un travail important d’animation sera à poursuivre pour suivre des indicateurs conditionnant le paiement des exploitants, ainsi que pour communiquer sur l’expérience acquise par les agriculteurs engagés dans le dispositif PSE sur leurs évolutions de pratiques et les approches techniques mobilisées. Une réflexion sur la poursuite des actions à mener à l’issue du programme sera également à engager.
Nos partenaires
Ces actions peuvent aussi vous intéresser
Amélioration des assainissements collectifs
De 2024 à 2025
Amélioration des installations portuaires
De 2024 à 2025
Assises de l’agroécologie
De 2024 à 2025


